Régime crudivore, végétarien, paléolithique, jeûne : que choisir pour une santé optimale ?
Il existe de nombreuses « philosophies » alimentaires à partir desquelles se propagent des habitudes et des comportements alimentaires vraiment bizarres, voire drôles, parfois sans critères et souvent franchement nocifs. Dans cet article nous considérons les risques et les dangers des différents régimes: crudivore, végétarien, paléolithique, cétogène et du jeûne.
Le régime crudivore
Commençons par la tendance au crudivorisme, selon laquelle se nourrir avec des aliments exclusivement crus préserve l’organisme de nombreuses maladies et allonge la durée de vie. Le principe du régime crudivore repose sur le fait que la toxicité naturelle des aliments crus est nettement inférieure à celle des mêmes aliments cuits.
Ce mode alimentaire a son propre fondement physiologique. En effet, dans la longue évolution de notre espèce, l’habitude de cuisiner est intervenue assez tardivement. On peut donc affirmer que nous sommes encore génétiquement et biologiquement disposés pour nous nourrir d’aliments crus.
Malheureusement, on ne peut pas tirer les mêmes bénéfices selon que les aliments soient crus ou cuits. Prenons par exemple la tomate. Dans la tomate crue il y a plus de vitamines et nous pouvons facilement en digérer la peau; tandis que dans la tomate cuite on trouve du lycopène, un puissant antioxydant dont nous avons besoin. Pour citer un autre exemple, le chou cru est optimal pour la stimulation thyroïdienne. Mais le chou cuit « al dente », c’est-à-dire en arrêtant le processus d’ébullition à son début, stimule le transit intestinal et aide à soigner la constipation. Nous voyons donc qu’il est utile de consommer certains légumes aussi bien crus que cuits afin de bénéficier de toutes les propriétés qu’ils peuvent nous offrir.
De plus, en suivant le régime crudivore on rencontre deux autres inconvénients :
- En privilégiant les aliments qui se prêtent mieux à être consommés crus, on exclue ou on limite ceux qui sont moins pratiques ou moins appétissants, notamment les aliments riches en protéines animales, qui constituent une part fondamentale de notre équilibre alimentaire.
- Aujourd’hui, très peu d’entre nous disposent d’un système digestif parfaitement opérationnel. La plupart des gens ont des difficultés considérables à digérer les aliments crus, et la cuisson entraine une déconstruction partielle des aliments en les rendant plus digestes.
🟢 L’idéal reste donc la composition de chaque repas avec une association d’aliments cuits et crus, sauf pour des raisons particulières ou des moments de cure alimentaire qui peuvent strictement nécessiter, pour une durée limitée, l’utilisation d’aliments uniquement cuits ou uniquement crus. Par exemple, on privilégie les aliments uniquement (ou principalement) crus lorsque l’on veut favoriser la diminution d’une leucocytose.
➡️ A l’inverse, on conseille les aliments uniquement (ou majoritairement) cuits lorsqu’il est nécessaire de stimuler les processus de défense de l’organisme, car certains aliments cuits augmentent la production de globules blancs.
Le régime végétarien
Alors que le régime crudivore a son propre fondement rationnel, bien que certaines objections puissent être soulevées quant à son application pratique, le régime végétarien intégral est anti-physiologique. Il y a des individus qui, suite à des considérations d’ordre éthique, religieux et environnementales, évitent de manger des aliments d’origine différente de celle du monde végétal. Souvent, ils prétendent pouvoir conserver la bonne santé à long terme en argumentant que l’utilisation de protéines animales entraîne une charge considérable de toxicité et de travail pour le métabolisme.
Pour étayer cette thèse, ils s’appuient sur l’amélioration notable de l’état général, et plus particulièrement des organes émonctoires, dans les premières semaines ou mois de ce type de régime. La réalité de cette amélioration n’est pas en cause, car l’élimination radicale des protéines animales facilite grandement le travail des reins. La détoxication et le drainage qui en découlent procurent une sensation de bien-être.
Les problèmes, en revanche, deviennent évidents avec le temps et sont toujours assez graves. Il faut tenir compte du fait que l’organisme a besoin d’être « propre », mais il a aussi besoin d’éléments structurels, des « briques de construction » pour réparer ou remplacer rapidement les structures défectueuses. Bref, il a besoin d’un apport constant en protéines animales et en lipides : il ne peut pas se satisfaire des protéines végétales de certains légumes et légumineuses.
Dans le régime végétarien, le risque de carences est bien réel. Nous avons déjà vu à quel point le corps humain se sert des protéines animales pour régénérer les organes et réparer ses blessures. L’absence de protéines animales peut conduire à des difficultés fonctionnelles dans les organes vitaux.
Ces dysfonctionnements apparaissent généralement après plusieurs mois de régime végétarien et peuvent déclencher, quelques années plus tard, des pathologies difficiles à soigner, comme par exemple les maladies de dégénérescence. Il est de nos jours très à la mode d’attribuer l’apparition des maladies à des causes psychologiques ou à des traumatismes émotionnels, sans considérer à quel point l’alimentation est responsable de notre bonne santé tout comme de nos maladies.
Voici 2 autres simples considérations d’ordre anatomique :
- L’anatomie de la bouche et de l’appareil dentaire. Notre dentition est faite pour que nous soyons omnivores. La présence évidente des canines et la forme des molaires, qui n’est pas plate comme celle des animaux herbivores, écarte complètement l’hypothèse que nous soyons faits pour être végétariens. Étant au sommet de l’échelle évolutive, l’être humain est fait de manière à pouvoir utiliser tous les modes de survie existant dans la nature, y compris la possibilité de puiser énergie et structure dans tout ce qui est comestible dans le monde vivant : les légumes, les céréales, les fruits, la viande, le poisson, les œufs et tout ce que la nature met à disposition.
- L’anatomie de l’estomac. L’estomac n’est absolument pas organisé pour des processus de rumination, n’étant que le siège de certains processus initiaux de la digestion qui se poursuit tout au long du tube digestif.
Le régime paléolithique
Le régime paléolithique consiste à éviter les aliments tels que les céréales, les produits laitiers, les légumineuses et tous leurs dérivés. Nous pouvons saluer ce régime pour l’usage des protéines animales, la consommation de fruits oléagineux, l’utilisations des plantes aromatiques, l’exclusion du sucre raffiné et de tous les produits industriels.
Néanmoins nous devons être vigilants sur le danger des fruits oléagineux cuits, le manque de sucres lents, les faibles apports en calcium, les excès de graisses cuites d’origine animale, et la qualité du drainage.
Les 5 points de vigilance du régime paléolithique
1) L’utilisation des oléagineux
🍕Dans les recettes du régime paléolithique on ne renonce pas aux pâtes à tartes, pizzas et pain. Ces pâtes sont réalisées avec de la poudre d’amandes, de noisettes, de pistaches et de noix. Lorsqu’on chauffe, même à basse température, les fruits oléagineux, ceux-ci s’oxydent et deviennent fortement toxiques. ⚠️
2) L’absence de sucres lents
- Dans le régime paléolithique on exclut les sucres raffinés, mais on autorise les fruits frais et séchés, le miel, la stévia, le sucre de coco et le sirop d’érable. Si on consomme trop de sucres, l’équilibre glycémique est en danger, même si les sucres sont tous d’origine naturelle.
- Pour satisfaire nos besoins en énergie, ce régime prévoit la consommation de sucres rapides (ceux cités) et de graisses crues et cuites. Les sucres rapides nous donnent de l’énergie immédiate, tandis que les graisses relâchent leur énergie longtemps après leur assimilation. Entre les deux nous pouvons ressentir un manque d’énergie provoqué par l’absence de sucres lents : céréales et autres graines riches en glucides comme le maïs ou le sarrasin. Ceci peut nous donner envie de consommer davantage de sucres rapides pour combler le manque d’énergie passager, mais c’est un réflexe qui peut devenir vite une habitude menant à des variations dangereuses entre hyper et hypoglycémie.
- 🌾 Les céréales contiennent des nutriments utiles à la santé comme des vitamines du groupe B, du cuivre, du fer, du magnésium, du sélénium, du zinc, du potassium, du phosphore et des fibres.
3) Les apports en calcium
Le calcium est présent dans les fruits oléagineux ainsi que dans de nombreux poissons et crustacés, aliments autorisés dans le régime paléolithique. Néanmoins les quantités de calcium présentes dans ces aliments sont bien inférieures à celles contenues dans les produits laitiers. Si le régime paléolithique est prolongé au delà de quelques mois, il faudra être vigilant quant à une éventuelle carence en calcium : le système nerveux et cardiovasculaire dépendent du calcium, pour ne citer que deux exemples.
4) La quantité de graisses saturées d’origine animale
Dans le régime paléolithique on privilégie la consommation de viandes, de poissons et d’œufs. On choisira les produits issus d’élevages qui n’utilisent pas d’OGM ni d’antibiotiques. On limitera les viandes très grasses, dont la cuisson altère les graisses en les rendant toxiques pour notre corps. On alternera les types de cuisson : grillade, friture, mijoté, … sans jamais exclure les viandes crues ni saignantes, afin de respecter l’équilibre entre graisses saturées, poly-insaturées et mono-insaturées.
5) L’importance du drainage
La consommation abondante de viande entraine une charge de travail pour les reins. Les reins doivent être protégés à tout prix, et il est fondamental d’être vigilant pour ne pas les épuiser. Certains légumes protègent la fonction rénale, comme l’oignon ou l’ail.
Le jeûne
Il existe de nombreux livres et sites internet qui illustrent les vertus thérapeutiques du jeûne. Des milliers de personnes le pratiquent et obtiennent, au moins au début, des résultats intéressants.
On ne peut pas nier les effets immédiats d’une interruption drastique de la prise alimentaire : le catabolisme éliminatoire qui en résulte apporte des améliorations évidentes en cas de pathologies dégénératives, chroniques et celles dues aux accumulations toxiques. Néanmoins cette pratique thérapeutique s’avère très dangereuse si elle est prolongée dans le temps.
On peut comprendre le besoin de sauter un repas ou tout au plus arrêter de s’alimenter pendant une journée entière dans des situations comme l’ingestion d’aliments toxiques ou une suralimentation la veille. Mais quand il s’agit de jeûne prolongé, cela va à l’encontre du fonctionnement naturel du corps humain.
L’organisme vivant est « construit » de telle manière qu’il fonctionne en continu de la naissance à la mort. Le bon sens et l’observation clinique montrent sans équivoque qu’un organe ou une fonction qui a été mis au repos trop longtemps se dégrade et meurt.
Prenons 2 exemples :
- ➡️ En situation de guerre ou de famine, avec jeûne forcé, l’estomac et les autres organes digestifs sont mis au repos. Mais lors de la reprise de l’alimentation, leur « repos » ne se traduit nullement par une meilleure capacité digestive, au contraire on court un grave danger si l’alimentation n’est pas reprise progressivement.
- ➡️ Après une fracture, le membre cassé est mis au repos pendant un certain temps. Mais ce repos est si nocif que même un cycle correct de physiothérapie et d’entraînement n’arrive pas toujours à ramener la fonction à l’état de départ. Les organes digestifs fonctionnent de la même manière : ils doivent toujours être stimulés, même si légèrement.
En considérant que :
- une désintoxication est toujours saine,
- le manque d’apport de nourriture de l’extérieur force le métabolisme à « brûler » ses dépôts,
deux objections doivent être soulevées.
🛑 1) C’est une grave erreur de considérer que les toxines sont des substances faciles à éliminer dès qu’elles sont retirées des sites d’accumulation où l’organisme les dépose pour éviter les dommages.
🛑 2) Les organes qui doivent éliminer les toxines, en premier lieu le foie, sont contraints de se surmener dans des conditions extrêmement défavorables. En effet, ils doivent effectuer beaucoup plus d’opérations métaboliques, manipulant des matières potentiellement dangereuses, et cela sans disposer simultanément d’une source d’énergie pour eux-mêmes.
Les lieux préférentiels dans lesquels l’organisme va stocker des substances toxiques (résidus de médicaments, métaux lourds, bases ammoniacales, molécules synthétiques contenues dans les cosmétiques, …), qu’il ne peut métaboliser, sont essentiellement les dépôts de graisse dispersés dans tout le corps.
⚠️ Si un relâchement des substances toxiques stockées doit avoir lieu lors d’une thérapie de désintoxication ou d’un régime amincissant, il est de loin préférable qu’il se déroule lentement et dans des conditions de force et non de faiblesse des organes métaboliques et émonctoires.
Essayons donc, avec une alimentation correcte, de favoriser au maximum le travail de ces organes. Si on les stimule pour les faire travailler plus, il faut être attentifs aux aliments ou associations alimentaires qui pourraient leur nuire, tout en leur apportant l’énergie dont ils ont besoin.
Resumé
Principes | Avantages | Inconvénients | |
---|---|---|---|
Régime crudivore | Se nourrir d’aliments exclusivement crus. | Facilite le drainage et la détoxication sur une période courte. | On se prive des bienfaits des aliments cuits. Insuffisance en protéines animales. Digestion difficile des aliments crus. |
Régime végétarien | Pas d’aliments d’origine différente de celle du monde végétal. | Facilite le drainage et la détoxication sur une période courte. | Anti-physiologique. Absence de protéines animales. Dangereux si prolongé dans le temps. |
Régime paléolithique | Pas de céréales, produits laitiers, légumineuses et produits industriels. | Peut convenir en période de convalescence. | Toxicité des oléagineux cuits. Absence de sucres lents, difficulté à gérer la glycémie. Risque de carence en calcium. Risque d’excès en graisses animales cuites. Risque d’épuisement des reins. |
Jeûne | Cesser de s’alimenter pour plus d’une journée. | Améliorations évidentes en cas de pathologies dégénératives, chroniques et celles dues aux accumulations toxiques. | Anti-physiologique. Dangereux dans le cadre d’une thérapie de désintoxication ou d’un régime amincissant. |
Les régimes crudivore, végétarien, paléolithique et le jeûne comportent tous des risques pour la santé s’il sont prolongés sur une longue période.
Certains peuvent être bénéfiques pour une période très courte, voir même faciliter la guérison de certaines maladies. Nous retenons néanmoins que ces régimes ne sont pas adaptés au fonctionnement naturel du corps humain, car ils le privent de nutriments importants pour la bonne santé.